domingo, 19 de setembro de 2010

Paris des chansons tristes

Les amours malheureuses finissent dans la lumière avare du petit matin. Cheveu collé, chair froissée, bouche pâteuse, elle somnole, pendant que l´homme enfile son pantalon, allume une cigarette, tire la chasse d´eau et ferme la porte pour la dernière fois. Sans un mot, sans un regard. Marin ou légionnaire? Le clairon sonne á la caserne voisine. On dit toujours, on dit jamais... C´est une chambre mansardée d´un hotel Terminus s´il n´est pas du Nord. Du Sud, jamais, car le sud, c´est le soleil, l´espoir. Et nous sommes ici dans un quartier d´impasses. Pluie fine et glacée qui, sur les pavês, double l´image des passants. Passants pressés qui ont oublié leur ombre dans l´escalier du métro. Il sentait bon le sel et le sable chaud. Y avait d´la lumière dans ses yeux. Le sommier grince. Elle descend, ouvre le bistro aux ôdeurs de tabac froid. Une larme coule le long de son cou. Moi j´essuie les verres au fond du café, j´ai bien trop á faire pour rêver. L´accordéoniste laisse sa bicyclette contre la vitre. Un crême, qu´il fait en poussant son bêret loin sur le crãne. La boulangerie ouvre ses portes. Tiens, Jean, va prendre mes croissants, tu s´ras chic. Il traverse la place, revient. La fille sans joie du coin de la rue rentre chez elle. L´a pas dû faire son beurre cette nuit, il dit. Allez, prends donc un croissant chaud, c´est sur la maison! Le musicien la regarde. Quelque chose qui va pas? Ben quoi, on peut même plus être gentille? Non, évidenment, mais depuis les années que je viens ici, c´est bien la première fois... Et la dernière, qu´elle lui répond en rigolant. Il se tait. Faut pas abîmer ce moment. Jean rêvasse. Un café au lait au lit, avec des petits pains et des croissant chauds. Il la regarde, elle ne le voit pas. Va s´assoir sur la banquette, accroche son instrument aux épaules, joue un peu n´importe quoi, un air de java, bien sûr, comme pour rompre une impossible attente. Un jour tu verras, nous irons la main dans la main, entrainés par la foule, sur le sable des mots effacés, dans des jardins aux arbres effeuillés. Et sur ton corsage blanc, juste á la place du coeur, y aura comme un p´tit coquelicot, mon âme...

                                                                      Dimitri Ganzelevitch   
                       Salvador, 18 mars 2010.

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